dimarts, 28 d’agost del 2012

ENTREVISTA AL ACADÉMICO AHMED ASSID. Muy recomendable para entender el Marruecos actual.

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Entretien. La monarchie, le makhzen, les islamistes... 

(Telquel)

Académicien, chercheur, chroniqueur, militant amazigh… Ahmed Assid porte un regard lucide sur l’actualité marocaine : réformes politiques, libertés individuelles, malaise identitaire et démission des intellectuels.

 Nouvelle Constitution, élections anticipées, islamistes au pouvoir… Le Maroc a-t-il pour autant dépassé la zone de turbulences que connaît la région ?
Le Maroc n’a pas totalement dépassé cette zone puisque la crise économique pourrait être à l’origine de nouvelles tensions. Nous ne savons pas ce qui pourrait se passer si les conditions économiques des Marocains deviennent plus dures. Sinon, force est de constater que la monarchie a su manœuvrer de manière précoce pour accepter la réforme de la Constitution, quelques jours seulement après le déclenchement des manifestations du Mouvement du 20 février, alors qu’elle a ignoré les revendications de réformes portées par des courants politiques et associatifs pendant plus de 10 ans. Cela prouve que le régime marocain est souple et assez pragmatique. Au lieu de laisser s’installer un débat sur une réforme radicale du système politique marocain, le roi a réussi à orienter le débat vers la réforme constitutionnelle.

Que voulez-vous dire par réforme radicale du système politique” ?
Nous n’avons toujours pas répondu à une grande question : la monarchie et le Makhzen constituent-ils deux entités différentes ou ne forment-ils qu’un seul et même corps ? Est-ce que la monarchie est capable de démonter le Makhzen ? C’est une question fondamentale et dangereuse. Avec le temps, nous avons en fait hérité d’un Etat à double visage : une monarchie traditionnelle d’un côté et un Etat moderne de l’autre. La monarchie traditionnelle, c’est le Makhzen. La mafia économique ou administrative qui entrave le processus démocratique est liée au pouvoir du roi. Il y a un makhzen économique, politique, religieux, etc. Aujourd’hui, il est difficile de séparer les deux entités, mais ce n’est pas impossible. La monarchie pourrait démanteler le Makhzen si ce dernier commence à représenter un danger pour la stabilité du pays et la continuité de la monarchie.

Comment expliquez-vous d’ailleurs que le Maroc ait, malgré tout, conservé une certaine stabilité politique et une continuité des institutions ?
Mettons-nous d’accord sur une chose : si ces évènements avaient eu lieu sous Hassan II, nous aurions sans doute vécu un scénario similaire à celui de nos voisins en Tunisie et en Egypte. Mais c’est arrivé après dix ans de règne de Mohammed VI, qui s’est imposé, durant cette période, comme unique acteur du changement. Il a également brisé plusieurs tabous de l’ère Hassan II. Je pense notamment à l’autonomie au Sahara, la réforme de la Moudawana, la reconnaissance de l’identité amazighe, la gestion du dossier des années de plomb, la réforme constitutionnelle, etc. Je ne dis pas que ces dossiers ont été résolus, mais ils ont été ouverts. Le résultat de ce travail a été qu’une majorité de Marocains revendiquent une réforme graduelle et non un changement radical. Un autre élément est à prendre en considération : les forces politiques et associatives au Maroc sont totalement dispersées et s’accrochent, presque toutes, à la monarchie comme unique alternative contre l’intégrisme. Il n’y a pas une force politique qui peut servir de locomotive pour le changement.

Y compris le PJD ?
Le PJD ne peut pas être une locomotive pour la démocratisation et la modernisation du pays. Il peut gouverner, il peut être considéré comme une grande force politique mais il ne peut pas réussir une transition démocratique. Lors du dernier congrès du PJD, les islamistes ont montré qu’ils prenaient la forme de la démocratie mais qu’ils en rejetaient le contenu. Ils semblent en effet réduire la démocratie et la modernité à une bonne organisation et au recours aux nouvelles technologies. Mais alors, à quoi bon si c’est pour servir des valeurs non démocratiques ? Je pense notamment aux positions du PJD à l’égard de la parité ou des libertés.

La réforme de la justice ou la lutte contre la corruption participent également à la démocratisation du pays…
Oui, je ne nie pas qu’il y a un côté démocratique dans l’action du PJD, notamment dans le domaine de la lutte contre la corruption ou l’égalité des chances, mais la question des libertés est tout aussi importante. C’est ce qui détermine la nature des relations humaines dans une société. Pour les islamistes, ces libertés sont limitées par les traditions d’une communauté qu’ils imaginent croyante. C’est pourtant le contraire qui est prôné par la conception universelle des droits humains. La liberté de l’individu ne se limite que par la liberté de l’autre. Et c’est justement ce respect de l’autre que rejettent les dirigeant du PJD. Puis il y a l’éternel problème de l’instrumentalisation de la religion en politique. Ils le font de manière latente. Le jeu qui se joue actuellement est assez dangereux. Le PJD est en train de créer son propre réseau associatif qu’il financera peut-être à partir des caisses de l’Etat.

Au fond, qu’est-ce qui vous dérange le plus chez le PJD ?
C’est qu’à terme, ils veulent arriver à l’Etat religieux. Je ne fais pas de distinction entre salafistes ou modérés. Ils ont tous le même objectif à long terme. D’ailleurs, les dirigeants du PJD ne se sont jamais clairement prononcés contre la Charia. Ils déclarent simplement que ce n’est pas une priorité, qu’il n’est pas utile d’en parler maintenant. Ce qui est logique. Un islamiste n’en serait pas un s’il n’œuvre pas en faveur de l’application de la Charia et l’instauration de l’Etat religieux.

Finalement, le PJD n’est-il pas le reflet d’une société dont la majorité rejette la liberté et la parité, et qui se réfugie dans le communautarisme ?
La société marocaine a été “retraditionalisée”. C’est le résultat d’une politique menée par le régime depuis 1972, quand la monarchie a décidé d’instrumentaliser la religion pour contrer la gauche radicale ou réformiste, et ce à travers la diffusion du wahhabisme dans le royaume. Moi, je dis que si la société ne va pas bien, il faut une nouvelle politique pour l’encadrer et changer cette mentalité de sous-développement. Sinon, il n’y aura jamais d’égalité, de parité ni de liberté. D’un autre côté, je ne crois pas que le PJD soit à l’image de la société marocaine. Dans leur majorité, les Marocains sont adeptes d’une religiosité modérée populaire qui n’est pas un danger pour la démocratie et qui accepte, petit à petit, les valeurs universelles. Je vous donne un exemple. Il y a quelques années, les conservateurs ne voulaient pas envoyer leurs filles à l’école. Puis ils se sont rendu compte qu’ils avaient tort, et ont changé d’attitude sans que cela n’altère leur piété. Les intégristes sont minoritaires par rapport aux musulmans populaires. J’en veux pour preuve les blagues que la société véhicule sur les khwanjia (barbus), et qui est une manière de caricaturer un phénomène nouveau et étranger.

Et la monarchie dans tout cela ? Laissera-t-elle faire les islamistes ?
Les islamistes ont compris, depuis longtemps, que la voie de la violence et de la confrontation est à rejeter. Depuis de longues années, ils essayent donc de convaincre qu’ils ne sont pas dangereux et qu’ils peuvent servir de force protectrice pour la monarchie traditionnelle et pour Imarat Al Mouminine. En face, nous retrouvons une monarchie à deux visages. D’un côté, il y a une monarchie traditionnelle et religieuse, qui s’accommode plutôt bien des islamistes. De l’autre côté, nous retrouvons une monarchie à visage moderne, liée à des partenaires étrangers par des relations économiques et politiques basées sur son engagement en faveur de la modernité et des droits humains. La monarchie est donc en train d’assurer une sorte d’équilibre et rappelle, à chaque fois que cela s’impose, que c’est bien elle qui tire les ficelles.

Le débat sur les libertés individuelles bat son plein dans la société, mais est-ce que la liberté sexuelle et la rupture du jeûne pendant le ramadan en sont les meilleures entrées ?
Non, ce ne sont pas les meilleures entrées mais il est fondamental de laisser les gens parler. Les gens ont le droit de manifester et d’exprimer librement leurs idées et leurs principes. C’est un aspect essentiel de la démocratie. Si la société et les autorités publiques refusent que ces minorités s’expriment, ça veut dire que nous sommes loin du processus démocratique. Ces revendications ne sont peut-être pas importantes ou prioritaires mais il est fondamental de les laisser s’exprimer. Aujourd’hui, les gens croient que la religion est un système imposé à tout le monde, avec un seul mode de vie et une seule explication à tous les phénomènes qui nous entourent. Le débat sur les libertés individuelles rappelle à tous que la religiosité est un choix personnel. Que le respect de l’autre et de son mode de vie différent est à la base de la société démocratique. Les intégristes répondent souvent par “le droit de la communauté” (ha9 al jamaâ). C’est un droit qui n’existe que dans les états religieux adeptes de la notion de oumma, présentée comme un groupe homogène. Ils instrumentalisent le vote de la majorité pour homogénéiser la société. Or, nous sommes tous différents. On ne va évidemment pas nous entretuer pour autant. La démocratie est la meilleure manière de gérer nos différences.

Parlons d’amazighité. Tout ramener à une loi organique est une bonne chose selon vous ?
C’est fondamental à cette étape de notre histoire. Et c’est la loi organique qui déterminera comment intégrer l’amazigh à tous les secteurs de la vie publique ou comment la généraliser dans l’enseignement, dans la santé ou dans le système judiciaire. C’est ce qui nous permettra d’avoir des plaques de signalisation et des façades d’administrations retranscrites en arabe et en amazigh. C’est ce qui va enfin donner une identité visuelle amazighe au pays. La loi organique oblige les décideurs à appliquer la Constitution. C’est très important.

Plusieurs avancées durant les dix dernières années se sont faites sous pression. Y a-t-il un péril amazigh aujourd’hui ?
La tension a existé. Je vous rappelle qu’en 2001, 126 personnes sont mortes à l’occasion du printemps noir en Kabylie. Le système marocain a justement anticipé les évènements pour éviter un tel scénario. A l’époque, nous avions préparé le manifeste amazigh qui a fait beaucoup de bruit. On allait vers une politisation de la cause. Des sujets tabous commençaient à être évoqués comme l’exploitation des terres, des richesses et des mines se trouvant dans des régions amazighophones. Le régime a anticipé avec la création de l’Ircam et en commençant par le chantier, plus simple, de la langue et de la culture. Certes, il y a eu un détournement du débat mais ce n’est pas grave puisqu’à travers l’Ircam, nous avons réussi à sauver une langue en voie de disparition. Depuis, un travail colossal a été fait au niveau des manuels scolaires, du plaidoyer pour l’officialisation de la langue, etc.

“Amazigh, langue officielle”, qu’est-ce que ça change concrètement dans la vie des Marocains ?
Lorsqu’il y a un malaise identitaire, ça bloque le développement du pays, ça menace sa stabilité. Aujourd’hui, on commence à se sentir à l’aise chez nous. Je vous donne un exemple : lorsque l’administration nous refusait les prénoms amazighs pour nos enfants, ça voulait dire qu’on n’existait pas ou qu’on était des citoyens de second degré. C’est une sensation dangereuse. Reconnaître l’amazigh, c’est inclure un tiers des Marocains dans les projets de développement. Ces gens en ont été exclus parce qu’ils ne comprenaient pas ce qui se passait autour d’eux.

Le malaise identitaire est-il suffisant pour expliquer les manifestations qui secouent la région du Rif depuis près d’une année ?
Le Rif a une histoire compliquée. La manière violente dont la révolte du Rif a été réprimée a donné lieu à un traumatisme chez les Rifains. Ce traumatisme est ancré dans l’esprit des habitants de cette région, il se transmet de génération en génération. Nous le sentons chez les jeunes du mouvement amazigh sur place. Nous le sentons dans les symboles utilisés. Lorsque Mohammed VI a déclaré accepter l’autonomie pour le Sahara, le Rif a été la première région à manifester pour réclamer une autonomie similaire. En fait, il n’y a pas d’autre solution. Les Rifains doivent administrer leur région et ne pas sentir qu’ils sont dominés par un système. J’ai d’ailleurs toujours défendu l’idée d’un Etat fédéral pour dépasser ce modèle jacobin d’Etat-nation centralisateur. Il faut aller vers  une réelle régionalisation avancée et un découpage basé sur l’histoire, l’humain et le développement socio-économique. Je sais que cela fait peur à plusieurs Marocains, élevés dans un modèle jacobin. Mais l’autonomie n’est pas synonyme de division ou d’affaiblissement du pays.
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Bio. Côté cour et côté jardin

Ahmed Assid est un intellectuel prolifique, doublé d’un acteur associatif infatigable. Chaque année, l’homme sillonne le pays du nord au sud, répondant aux invitations de grands colloques scientifiques ou de petites associations rurales. “Un intellectuel doit rester attaché au terrain et à la vie des gens”, affirme-t-il. Militant amazigh de la première heure et chercheur à l’Ircam (Institut royal de la culture amazighe), il refuse tout extrémisme sur cette question. “Au Maroc, je refuse de faire la distinction entre Arabes et Amazighs”, explique-t-il. Professeur de philosophie, Ahmed Assid est également un démocrate convaincu. Un progressiste qui érige le combat contre l’intégrisme sous toutes ses formes en priorité absolue. L’homme est d’ailleurs membre fondateur de trois associations particulièrement actives sur ce registre : le forum de la citoyenneté, vigilance citoyenne et Bayt Al Hikma. Côté jardin, Ahmed Assid est l’un des plus grands Raïss d’Ahwach du pays. Il anime dilleurs plusieurs soirées par an dans différentes régions du pays.

Zoom. Intellectuels démissionnaires
Assid est un homme extrêmement préoccupé par le silence des intellos marocains. C’est même un phénomène qu’il a pris le temps d’analyser. Selon lui, il existe quatre catégories d’intellectuels démissionnaires. Les premiers étaient liés à l’USFP et à la gauche en général. L’échec de l’expérience de l’alternance a traumatisé plusieurs d’entre eux qui ont pris du recul et se sont tus. D’autres, fatigués d’enseigner et de théoriser, se sont rapprochés des politiques en intégrant leurs cabinets ou en décrochant des postes de responsabilité divers. La 3ème catégorie est celle des experts. Ceux-là travaillent pour le compte de bailleurs de fonds généreux, mais leur travail reste invisible et souvent inaccessible au grand public. Reste la 4ème catégorie, celle des enseignants universitaires. Ceux-là subissent la mort de la faculté. Ils restent souvent enfermés dans les spécialités qu’ils enseignent au lieu de participer à repenser le Maroc. “Heureusement que le 20 février a permis d’en récupérer quelques-uns”, conclut Assid.
 Traducción al castellano:
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 Académico, investigador, articulista, activista amazigh Ahmed ASSID puerta ... una mirada sobria a las actuales reformas políticas marroquíes, las libertades, la crisis de identidad y la dimisión de los intelectuales.

 
Nueva Constitución, las elecciones, los islamistas en el poder ... que Marruecos siempre superado la turbulencia que enfrenta la región?Marruecos no ha pasado completamente esta zona desde que la crisis económica podría provocar nuevas tensiones. No sabemos lo que pasaría si las condiciones económicas se vuelven más duros marroquíes. De lo contrario, es evidente que la monarquía era capaz de maniobrar tan temprano a aceptar la reforma de la Constitución, sólo unos días después de la aparición de las manifestaciones del Movimiento 20 de febrero, mientras que la ignoró las reclamaciones presentadas por las reformas movimientos políticos y asociaciones de más de 10 años. Esto demuestra que el régimen marroquí es flexible y lo suficientemente pragmático. En lugar de dejar que resolver un debate sobre una reforma radical del sistema político marroquí, el rey fue capaz de centrar el debate sobre la reforma constitucional.

¿Qué entiende usted por la reforma radical del sistema político "?

dissabte, 25 d’agost del 2012

RECOMIENDO "EL FACTOR HUMANO" DE JOHN CARLIN

Este artículo de John Carlin sobre la Sudáfrica actual, a raíz de la huelga de mineros, me ha recordado que este mismo autor tiene un libro muy recomendable: El Factor Humano. Es emocionante, vibrante, emotivo ... El papel determinante de Nelson Mandela en evitar una guerra civil. Desconsuela ver lo que han hecho sus herederos.

Sudáfrica y el fantasma mexicano

John Carlin, El País, 24 de agosto 2012

La revuelta en la mina de Marikana escenifica la rabia contra el poder establecido y revela que el Gobierno del Congreso Nacional Africano está perdiendo el control. La tensión social y el malestar crecen en todo el país

Este fin de semana empiezan a enterrar a los mineros masacrados por la policía sudafricana en la mina de platino de Marikana. Habrá máxima tensión, pero no solo ante el temor de que el saldo de muertos supere la cifra de 44 ya alcanzada desde que las demandas de aumentos de sueldo de los mineros desembocaran hace 10 días en choques violentos. La tensión se extiende a toda Sudáfrica. Marikana no es un conflicto meramente local, no es una trágica aberración. Se ha abierto una caja de Pandora y lo que está en juego es nada menos que el gran e indiscutible logro desde que Nelson Mandela asumió la presidencia en 1994: la paz. Los herederos de Mandela en el Gobierno del Congreso Nacional Africano (CNA) pierden control y credibilidad; aumenta el riesgo de que las revueltas sociales se extiendan por todo el país.
Cuando pienso en Sudáfrica hoy día pienso en México y en George Orwell. La conexión mexicana, la verdad, se me ocurrió a los pocos meses de que Mandela ganara aquellas primeras elecciones democráticas, acabando con tres siglos y medio de dominación blanca, cuando me pidieron que hiciera de abogado del diablo y escribiera un artículo postulando una visión negativa de lo que podría pasar en la Sudáfrica liberada. Dije que temía que el CNA se acabara convirtiendo en un PRI, o en aquel PRI que en el siglo XX gobernó sin interrupción durante 70 años: es decir, en un partido revolucionario institucional en el que —como delata el nombre— se apela a la retórica progresista de siempre, en defensa de las masas y tal, pero el objetivo principal es perpetuar a una élite en el privilegio y el poder. El mecanismo que creó el PRI para forjar su “dictadura perfecta” —como, con mucho atino, la describió Mario Vargas Llosa— fue una coalición entre el partido dominante, el sindicalismo, el empresariado y otras fuerzas sociales, apoyada por las fuerzas de seguridad.
No me equivoqué. En México se ganó estabilidad a costa de corrupción endémica e injusticia social. En Sudáfrica se ha llegado, después de 18 años, a algo muy parecido. Como en la parábola de Orwell, Rebelión en la granja, los revolucionarios son hoy la imagen y semejanza (salvo en el color de su piel) de los antiguos amos que en su día, y con enorme sacrificio e idealismo, derrocaron. Las terribles escenas que se vieron en televisión la semana pasada de policías abriendo fuego contra mineros armados con machetes, y algunos con pociones que creían que les harían invencibles contra las balas, evocaron la época del apartheid cuando el único instrumento de persuasión que tenía el Gobierno blanco en relación con la mayoría negra era el fusil.

En la cúpula del CNA, un reducido grupo de nuevos ricos negros centralizan el poder
A esto se ha llegado en Sudáfrica. Menos mal que Mandela, a sus 94 años, se entera de poco de lo que ocurre a su alrededor, mucho menos de la realidad política nacional. La revuelta de Marikana, la más dramática de miles que se han visto a lo largo de este año en las localidades pobres negras del país, escenifica la frustración y la rabia de un creciente porcentaje de la población contra el poder establecido. En este caso específico, la frustración de los mineros surgió de la complicidad que detectaron entre la empresa británica dueña de la mina de platino, Lonmin, y el sindicato que toda la vida les había representado, el Sindicato Nacional de Mineros, conocido por sus siglas en inglés, NUM. Se convencieron de que la NUM, el sindicato más grande del país, había dejado de defender sus intereses y ahí nació Amcu, una organización más visceral que coherente, sin plan estratégico o ideología definida, pero que expresa los sentimientos de muchos mineros. Fue contra los mineros nuevamente incorporados a Amcu, en huelga por un aumento de sueldo, contra los que los policías dispararon.
La rabia de los mineros, la que desencadenó los actos violentos que condujeron también a la muerte de dos policías, a machetazos, proviene no solo de la convicción de que reciben sueldos miserables, sino de ver que los jefes sindicalistas viven, relativamente hablando, como reyes. El presidente de la NUM gana 25 veces más al mes que los mineros que se unieron a Amcu. Cuando apareció en la mina de Marikana después de la masacre no pudo salir del coche de policía que lo transportaba, por temor a que lo mataran.
Lo que ha pasado es que tanto la NUM, como otros sindicatos que hace 20 y 30 años estaban en la vanguardia de la lucha contra el apartheid, como el Gobierno del Congreso Nacional Africano con el que están íntimamente aliados, se han aburguesado. Y han perdido el contacto con la gente de a pie, especialmente la mayoría que vive en la pobreza, que tuvieron en los tiempos de la lucha por la liberación. Pertenecen a una clase de animal distinta, depredadora, que se reparte el poder y la riqueza entre sí. El movimiento de personal entre los sindicatos, el CNA e, incluso, el empresariado se ha vuelto fluido. Un personaje lo define. Se llama Cyril Ramaphosa, el fundador de la NUM en 1982, negociador número uno del CNA durante la transición a la democracia a principios de los noventa y ahora un magnate cuya fortuna se mide en cientos de millones de euros.
Ramaphosa, un favorito de Mandela en su día y para muchos el que debería de haberle sustituido cuando dejó la presidencia, es miembro de la junta directiva de Lonmin, considerados (y no solo por Amcu) como unos viles explotadores. Pero Ramaphosa sigue siendo no solo una figura emblemática en la NUM, sino uno de los barones más influyentes del CNA. Como en México en los años de gloria del PRI, las elecciones generales son insignificantes a la hora de determinar la identidad de futuros presidentes y de sus ministros comparado con las elecciones internas en la cúpula del CNA, donde un reducido grupo de políticos, sindicalistas y empresarios negros nuevos ricos centralizan el poder.

La cuestión es si la coalición dominante es capaz de cambiar los malos hábitos adquiridos
La visión macro de todo esto quizá no lo entiendan muchos de los millones de los habitantes de las chabolas de Sudáfrica, donde las cifras de paro son parecidas a las de España (aunque con infinitamente menos apoyo estatal), pero lo ven todos los días en las poblaciones donde viven. Ven que los representantes locales del CNA o de los sindicatos tienen coches nuevos, muchas veces Mercedes Benz, y viven en casas bonitas. Ven que los que ocupan puestos políticos en los municipios se ocupan más de enriquecerse, muchas veces de manera corrupta, que de servir a la gente, de proveer luz, agua, educación y sanidad decente para los que les han votado. Ven, en resumen, que con demasiada frecuencia la gente se incorpora hoy al CNA y a sus organizaciones aliadas no para construir un mundo más justo, sino para avanzar sus propios intereses.
Aguantarían la pobreza con resignación y paciencia, quizá, si no vieran que en la Nueva Sudáfrica, como en Rebelión en la granja, algunos animales son más iguales que otros. Pero sí lo están viendo, en toda su indisimulada obscenidad, y por eso en Marikana la olla de presión estalló, por eso en las minas vecinas el poder de Amcu crece, por eso en diferentes partes del país, incluso en la bella y turística Ciudad del Cabo, 1.500 kilómetros al sur de Marikana, se oye un alarmante runrún, se huele revuelta, entre los marginados.
¿Hay solución? Sí. Primero que el CNA tenga la astucia política necesaria para cooptar a los que se empiezan a rebelar, que reconecte con la gente, que utilice las palabras, no las balas, para persuadir. Segundo —y sin esto lo primero servirá solo como solución cosmética—, el CNA tiene que volver a principios básicos, tiene que recordar que, como dijo Mandela cuando salió de la cárcel, sus representantes son “sirvientes del pueblo”. Lo de Marikana ha sido como un infarto al que uno sobrevive, pero que deja un claro mensaje: o se cambia radicalmente de hábitos de vida o las consecuencias serán catastróficas. La cuestión ahora en Sudáfrica es si la coalición dominante es capaz de cambiar los malos hábitos adquiridos tras 18 años en el poder, o si la corrupción moral les ha contaminado, de manera irrecuperable, el alma.
Leer en el País, aquí

El Factor Humano, de John Carlin

Daniel Tordable


 Hubo un hombre que se propuso conquistar a sus enemigos gracias al perdón y al tesón. Gracias a ese esfuerzo, casi sobrehumano, consiguió llevar a cabo algo que parecía irrealizable: la reconciliación de dos mundos opuestos y enfrentados pero que compartían el mismo territorio. Su nombre es Nelson Mandela y su país se llama Sudáfrica.
El periodista y escritor John Carlin relata con maestría y agilidad la historia de cómo un hombre fue capaz de cambiar el rumbo de la historia y demostrar a propios y rivales (negros y blancos) que la única manera de hacer virar ese sentimiento mutuo de odio era dejando atrás el pasado y mirar con firmeza hacia el futuro, juntos.
En El Factor Humano, Carlin, que desempeñó su labor en el país más meridional de África para importantes rotativos durante los últimos años del apartheid, es capaz de resumir y hacer entender los entresijos del conflicto racial sudafricano en apenas 300 páginas.
Un magnífico relato de alguien que conoce de verdad el problema y que lo vivió in situ. Posteriormente se filmó la película Invictus, con Morgan Freeman y Matt Damon y que pone imágenes al sensacional libro de Carlin; autor, por otra parte, de la magnífica columna deportiva “El Córner inglés”, en el diario El País.
La figura de Mandela, obviamente, es esencial. Él fue el primero en perdonar a sus carceleros. Fue capaz de encandilar a toda una nación, y alcanzar una paz social que terminaría con la celebración de las primeras elecciones sudafricanas bajo el criterio de “un hombre, un voto”. Frente a las consignas del partido radical negro de “un granjero, una bala”.
Y lo hizo después de 23 años en la cárcel de Robben Island, frente a la hermosa Ciudad del Cabo, una de las sedes principales del Mundial de fútbol de 2010. Mandela se sirvió del deporte, esa actividad considerada por algunos como banal y opiácea, pero que posee la capacidad única de unir y desunir, de generar sentimientos y de sacar lo mejor y lo peor del ser humano, para unificar su país.
En 1995 fue el rugby, ese “deporte de hooligans disputado por caballeros”, el que fue capaz de aglutinar todas las emociones de blancos y negros para huir del pasado y afrontar una nueva era de esperanza.
15 años después, es el fútbol, ese “deporte de caballeros jugado por hooligans”, el que tiene la ocasión de terminar de levantar la sociedad sudafricana, después de que el rugby cimentara esa unión.
En efecto, el rugby es el deporte de los blancos en Sudáfrica. Es prácticamente una religión para los afrikáners, los descendientes de los holandeses, el sector de los blancos más importante y que manejaban el poder en la Sudáfrica del apartheid. Los afrikáners amaban a los Springboks, el equipo nacional de rugby, casi tanto como profesaban odio a los negros.
La gente de color en Sudáfrica adoraba el fútbol y detestaba el rugby. Es por ello que este es su mundial, “el mundial de los negros”. La gran fiesta del fútbol que la Fifa organiza cada 4 años debe servir de culminación del proyecto que arrancó en la figura de Nelson Mandela. Una idea que comenzó conquistando a los enemigos negros antes que a los hermanos blancos y que ha de servir de ejemplo al resto de conflictos, (ya sean de índole nacionalista, racial, social o religiosa), que acontecen el el mundo, algunos de ellos, bien cercanos.

dimarts, 21 d’agost del 2012

Publico este artículo en El Periódico, LOS OTROS MARROQUÍS

La sociedad de Marruecos es heterogénea, y más aún sus ciudadanos que viven en Europa

  Said El Kadaoui, Psicólogo y escritor 

 21/08/2012


Marruecos es un país diverso, heterogéneo, identitariamente complejo, con varios idiomas que coexisten e, incluso, a nivel religioso más heterodoxo de lo que se pretende oficialmente. Sin embargo, lo que es innegable es que hay un Marruecos oficial que trata de imponer una sola manera de ser marroquí, la nacionalista conservadora.
La revista TelQuel ha dado voz desde su aparición en el 2001 a aquel sector de la población que quiere un país laico donde se respeten los derechos humanos, donde impere la igualdad de derechos entre el hombre y la mujer, donde se respete la condición sexual de todos y donde se pueda, en definitiva, opinar libremente sobre todos los temas. Está siendo una muy buena plataforma para poner muchos debates sobre la mesa. He leído excelentes reportajes sobre lo que piensan los marroquís sobre la sexualidad, la sobrevaloración de la virginidad, el rol que debe tener la religión en el país, etcétera. El último que me ha llamado especialmente la atención recogía el testimonio de 13 personas a cara descubierta sobre temas que aún son espinosos en Marruecos. "No me escondo para beber". "Reivindico mi libertad sexual". "No escondo mi homosexualidad". "No cumplo el Ramadán". "Soy ateo". "No quiero esconder mi cuerpo". "Estoy en contra del velo". "Tengo el derecho de abortar si así lo quiero". "He tenido un hijo sin estar casada". "No estoy en contra del Estado de Israel". Estos son algunos de los titulares que se destacan de todo lo que comentan estas 13 personas.
Este marruecos que anhela más libertad, que cuestiona las ortodoxias, que lucha por sus derechos y que se abre al mundo es el que me hace vibrar. Este es un Marruecos tan real como los demás. El conservador, el extremadamente conservador, el pobre y modesto... La oficialidad tapa la complejidad, la quiere anular. Pero no lo consigue. Lo que sí hace es generar sufrimiento en todos aquellos que, como los testigos que cita el reportaje, anhelan vivir sin tener que esconderse. Aquellos que quieren vivir sin hipocresías y falsas apariencias.

La ciudadanía marroquí es heterogénea. Y esta variedad es mayor aún cuando hablamos de los marroquís que viven en Europa, así como de sus hijos. Entre otras cosas, porque ya no son solamente marroquís, especialmente los hijos. Pero el riesgo de que haya una oficialidad (que suele ser siempre religiosa) que intente anular toda esta complejidad y quiera otorgar el carnet de buen marroquí, el riesgo de un repliegue comunitario y de la reducción de toda esta riqueza de pertenencias e ideales es evidente y, de hecho, ya es una realidad que está generando algunos problemas individuales (incluidos los psicológicos) y sociales (encierro en la propia comunidad).
Siempre que puedo me gusta hacer referencia a este Marruecos dinámico y luchador porque sé que puede ser muy útil para algunos jóvenes de aquí y originarios de allí, de Marruecos o, en general, de los países magrebís. Tener ideas e ideales propios no puede ser considerado una traición a la propia cultura. Al contrario, es el estancamiento en unas tradiciones que ya no se corresponden con nuestros tiempos, la ocultación de las voces discrepantes y el encierro en una comunidad empobrecida lo que hace más problemática la vida.
Ahora que acabamos de dejar atrás el mes del Ramadán no está de más recordar lo que dice uno de los testigos del citado reportaje de la revista TelQuel. Ibtissam Betty Lachgar, una mujer de 36 años, aparte de declarar que no practica el ayuno, denuncia el artículo 222 del Código Penal marroquí porque todavía hoy condena a entre uno y seis meses de prisión a toda persona conocida por su pertenencia al islam que incumpla ostentosamente el ayuno en público. Aquí, por supuesto, no hay ninguna ley que condene a un musulmán por no realizar el ayuno, pero sí se dan casos de presiones de grupo y de rechazo de aquellos marroquís que libremente deciden no hacer el Ramadán o que no se sienten concernidos por la religión. Este es un síntoma preocupante de un encierro comunitario que pretende amputar la realidad y convertir la identidad de la gente en un estereotipo.

Nunca está de más recordar que no existe la comunidad marroquí como un ente homogéneo. Lo que sí existen son los marroquís, los catalanomarroquís, los marroquíaragoneses (y tantas variedades como personas; me gusta recordar lo que el profesor Manuel Cruz dice de la identidad de las personas: estamos formados de diferentes piezas y tenemos cierta libertad para disponerlas como nos guste).
Y nunca está de más tampoco recordar que somos muchos los que no queremos vivir aquí las incomodidades que supone tener que esconderse para existir. Somos muchos los que no queremos una oficialidad que dictamine quién es y quién no es buen marroquí. Ni aquí, ni allí.
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